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Saddle fitting: Le montoir

Edité le 08/12/2016

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Saddle fitting: Le montoir

Bien monter – partie 1 : Le montoir

Derrière ce titre un tantinet provocateur, je l'admets, se cache une réalité inéluctable et peut-être un peu difficile à admettre : avoir un matériel adapté c'est bien, savoir l'utiliser correctement c'est mieux.

C'est d'ailleurs la notion fondamentale de l'ergonomie au sens CHSCT* du terme. Pour éviter les pathologies professionnelles, les ergonomes ont cherché en premier lieu à adapter les postes de travail et le matériel qui l'équipe ; mais ils ont ensuite formé les gens à utiliser correctement leur corps. L'objectif est de limiter les impacts négatifs du travail sur leur personne, et donc à préserver l'entreprise tant au niveau humain qu'au niveau de la performance.

C'est exactement ce à quoi doit tendre un cavalier qui travaille son cheval dans une logique de prévention. Le choix du matériel fait partie d'un tout, puisqu'il conditionne en bonne partie la performance dans la durée tant pour le cavalier que pour sa monture, mais ne représente pas une fin en soi.

Aparté terminé.

 

Le mois dernier nous avons rappelé les fondamentaux d'un sellage correct : quelle que soit la selle, si elle est mal positionnée elle pose problème. Avant de parler de la posture du cavalier à cheval et de l'impact de la selle sur celle-ci, une étape reste à détailler. Il faut bien y monter, sur le cheval, pour pouvoir monter à cheval... Donc, le montoir. Déjà, gros respect à ceux qui savent sauter directement depuis le sol sur le dos de leur cheval sans le déséquilibrer, surtout quand l'animal fait plus d'1m20. Hands down. Ensuite, pour un montoir correct, il faut savoir qu'il y a des choses qui se font, et des choses qui ne se font pas.

 

La première chose à savoir, c'est qu'un montoir effectué depuis le sol, en mettant le pied gauche dans l'étrier et en se cramponnant au pommeau et au troussequin de la selle, a un impact direct sur le corps du cheval. Retour sur les conséquences physiologiques par un vétérinaire (traduction d'un article sur mon blog en 2012).

« Casey Brechtel, un vétérinaire et ostéopathe de Galveston, Texas, décrit comment un cheval réagit quand le cavalier met le pied à l'étrier, attrape le pommeau (ou la corne) de la selle, et après un ou deux petits sauts d'élan, se met en selle. "Avec ce type de montoir, tout le poids du cavalier s'exerce sur l'étrier gauche, tirant la selle vers la gauche". Et le garrot du cheval est de même tiré vers la gauche. Le garrot est constitué d'environ 8 vertèbres dorsales, prolongées vers le haut par les fameuses épines dorsales, qui peuvent mesurer jusqu'à 20 centimètres de haut. Brechtel souligne le fait que "chaque épine sert de bras de levier, accentuant ainsi la pression placée sur la colonne vertébrale pendant le montoir. Imaginez la torsion que ça peut représenter, avec un bras de levier de 20cm". Une torsion de la sorte répétée de nombreuses fois sur la colonne peut lui faire grand mal. Les dommages potentiels peuvent aller d'une subluxation thoracique (des mouvements du dos limités), une asymétrie des scapula (omoplates), et des contractures musculaires des muscles thoraciques et paraspinaux (autour de la colonne). Pour aller plus loin, Brechtel explique que lorsqu'un cheval est monté depuis le sol, il va compenser en bandant ses muscles et en écartant les pied. "Cette compensation peut se répercuter sur d'autres endroits du corps du cheval. En gros, le montoir depuis le sol est excellent pour le portefeuille des ostéopathes, mais désastreux pour la santé de l'animal". »

Et il faut également songer que l'impact de cette torsion est néfaste pour la selle elle-même ! Vous pouvez visionner à l'envi ce slow-motion de ce qui se passe REELLEMENT au montoir depuis le sol sur Youtube, réalisé par Centaur Biomechanics. C'est vraiment spectaculaire...

Si l'on souhaite monter à cheval depuis le sol (parce qu'on n'a pas toujours un petit porteur de tabouret avec soi, notamment en rase campagne), il y a des gestes à apprendre et à maîtriser :

  1. la main qui tient les rênes se pose en avant du garrot, sur l'encolure
  2. on chausse l'étrier comme on peut / si on peut
  3. la deuxième main se pose à plat au centre du siège
  4. on utilise les mains non pas en traction, mais en propulsion combinée à la propulsion du pied resté au sol ; le corps du cavalier est gainé et monte vers le haut, pour se retrouver en appui sur les mains (genre comme au bord d'une piscine)
  5. le buste bascule souplement vers l'avant pour permettre à la jambe de passer au-dessus de la croupe, et le cavalier s'installe doucement en selle

En gros : il faut que le mouvement soit à la fois souple et tonique. Il est bon de savoir monter depuis le sol, au cas où, et s'éduquer à le faire convenablement.

 

Mais le plus simple reste encore d'utiliser un tabouret, un banc, une barrière, ou n'importe quel truc qui vous réhausse suffisamment, pour peu que votre cheval le supporte (d'où la nécessité là aussi de l'éduquer, lui aussi, à avoir le bon comportement!). La vidéo de Centaur Biomechanics qui compare le montoir avec montoir par rapport au montoir depuis le sol est sans équivoque.

 

Les illustrations de cet article sont des captures d'écrans de tests de montoirs au tapis à capteurs de pression, réalisées lors trois situations évoquées :

  • l'image la plus à gauche montre un pic de pression énorme sur le côté droit du garrot lorsque l'on monte comme un sac depuis le sol
  • l'image au centre montre ce même pic de pression, notablement atténué, et des pressions globalement mieux réparties, lorsque l'on s'applique à se mettre en selle convenablement depuis le sol
  • l'image de droite représente un montoir depuis un bloc. Les pressions autour du garrot sont équivalentes à droite et à gauche et correspondent à la mise en charge de la selle avant redressement total du cavalier.

Quantitativement, la pression la plus élevée mesurée au cm² est divisée par 3 entre l'image 1 et l'image 3.

 

Quant à la question de monter à droite ou à gauche du cheval, une fois évacuée la question de l'éducation du cheval, elle a son importance : notre montoir sera plus agréable pour le cheval du côté où nous sommes le plus à l'aise. Le montoir à droite n'est une obligation que dans les épreuves de TREC (et on peut aussi choisir d'avoir zéro). Une explication au fait que nous sommes plus à l'aise à gauche qu'à droite, outre l'habitude contractée depuis les années, peut se trouver dans la notion de torsion physiologique (concept d'ostéopathie développé en humain par Y. Guillard et appliquée par la suite aux animaux, voir le site Ostéo4pattes, si cela vous intéresse de creuser la question...)

 

*comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail

Article rédigé par Eugénie Cottereau - www.saddlefitting.fr

Edité le 08/12/2016

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